Paris / Avril 2020 / Le chaos qui nous ordonne.

Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, voilà la loi cosmique.
D.H Lawrence, Apocalypse

Depuis l’étroitesse de ma fenêtre, je perçois le confinement comme ordonné à une raison qui m’est hostile. La maladie, le mal, le virus, la contrainte et la peur, l’isolement et les applaudissements qui percent les ténèbres, j’ai déjà miroité ces scènes à la lecture cauchemardesque de Philip K. Dick, Richard Matheson ou encore Margaret Atwood. Le temps des insurrections cède la place au temps de la pandémie, et pourtant, ce que j’aperçois n’est qu’une accélération parfaite de cette raison hostile ; la même qui déjà, asphyxiait ses peuples. Les rues avec comme seules ombres des policiers, un contrôle absolu des déplacements, un couvre-feu, des drones, un rationnement, une mise au pas économique de la population avec des amendes exorbitantes, n’était-ce pas les réponses en gestation dans les réactions à nos soulèvements ?

Les vidéos virales venues de Chine, montrant des corps abandonnées dans les couloirs d’hôpitaux, les rues désertes et les drones incitant les gens à rester chez eux, les habitants se réchauffant les uns les autres en criant par la fenêtre à une heure précise et saluant le corps médical, tout cela est désormais notre quotidien ; la viralité est devenue littérale. Le plus ironique est la réaction de notre gouvernement : elle est basiquement la même que celle de la Chine, témoignant d’un isomorphisme politique. On nous a d’abord garanti que cette épidémie ne passerait jamais les frontières, et cela même quand elle avait traversé deux continents pour venir s’installer en Italie du Nord. Jusqu’au dernier moment, le gouvernement s’est révélé inconscient, appelant à voter au premier tour des municipales, alors même que depuis quelques jours déjà en Italie, des messages alarmants perçaient la toile et nous prévenaient de la catastrophe à venir.

Résumons brièvement la chronologie pour en saisir l’absurde. Dans la semaine du 9 mars, nous avons eu le droit à un article de presse à propos du couple présidentiel allant au théâtre, incitant chacun de nous à continuer notre vie en toute insouciance – ce que la plupart d’entre nous fîmes. Puis subitement, le samedi 14 mars, aux alentours de vingt heures et après nous avoir incité à mener notre vie ordinaire à l’ombre du désastre, les autorités annoncèrent fermer tous les commerces, cafés, bars, théâtres et cinémas le même jour à minuit et pour une durée indéterminée. Le lendemain, dimanche 15 mars, et contre l’avis du corps médical, les élections municipales (qui ont eu un taux d’abstention historique) furent maintenues. On assista ainsi à des scènes surréalistes : des parcs bondés et peuplés de personnes ivres d’alcool de mauvaise qualité, acheté dans les supermarchés, des queues de citoyens consciencieux, allant voter masqués et gantés, suivant les recommandations du gouvernement selon laquelle « se laver les mains et ramener son propre stylo étaient des mesures amplement suffisante ».

Il faut croire que la panique gagna finalement les hautes sphères puisqu’elles annoncèrent qu’Emmanuel Macron allait prendre des décisions drastiques et les expliquer dans un discours, le lundi 17 mars à 20 heures. Encore une fois, les images de longues files d’attentes à la poste, devant les banques, aux supermarchés se matérialisèrent en France. On pouvait voir des milliers de personnes à travers la capitale empiler précipitamment des affaires dans une voiture, ou se diriger vers les gares encore ouvertes pour fuir – amenant avec eux de nouveaux foyers d’infections .

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Dans une atmosphère lugubre, nous avons entendu les mots suivants de la bouche de notre président : « Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes. Nous ne luttons ni contre une armée ni contre une autre nation, mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, et qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale », lors de l’adresse à la nation afin de justifier le « confinement » et « l’état d’urgence sanitaire ». À la suite des attentats qui secouèrent la France en novembre 2015, François Hollande, le précédent président de la France commençait son allocution par « La France est en guerre », afin de justifier l’activation de l’état d’exception. Il précisera même : « Mais cette guerre d’un autre type face à un adversaire nouveau appelle un régime constitutionnel permettant de gérer l’état de crise. » Très rapidement, nous avons vu le résultat de ce nouveau régime constitutionnel : des arrestations arbitraires, l’agonie programmé du droit au profit de la norme et des outils formidables pour dresser les mécontents.

Le jeudi 9 septembre 1933, l’écrivain allemand Thomas Mann note dans son journal intime : « Des méthodes « fascistes » autoritaires et de caractère nationaliste, commencent à prendre partout la relève des vieilles formes classiques de la démocratie […] le monde doit-il guérir de la mystique souillée, de la philosophie de la vie défigurée qu’elle mêle à son mouvement ? Parce que les transformations qui sont en cours dans la technique et le gouvernement politiques y prennent la forme d’une religion sanguinaire du sang et de la guerre dont le niveau moral et intellectuel est le plus misérable de son histoire ? ». À la suite de quoi il remarque brièvement des ambitions du parti fasciste : « Le programme – en partie conscient et en partie inconscient – est clair : d’abord abattre « l’ennemi intérieur », c’est-à-dire tout ce qui à l’intérieur s’opposait à la guerre […] et ensuite – – Ce qui doit venir ensuite, on ne le sait pas, on ne peut pas le voir à l’avance, et on nie le vouloir. Mais on l’espère et on y aspire en secret comme au chaos bien aimé – un amour par lequel on se sent appelé à mener le monde sur le plan politique, et on réarme ouvertement de toutes ses force dans ce but. »

L’amour du chaos est une arme à double tranchant. Dans le néant de ma génération engendrée dans les années 1990, le chaos était la seule chose à laquelle on pouvait rêver avec dignité. Abreuvé de scénarios catastrophes, chacun de nous jubilait la possibilité d’une fin brutale et implacable de notre monde. Oui, ma génération a été engendré dans le néant. J’ai grandi sans certitudes, nourris d’un imaginaire crépusculaire où la terre, l’humanité, l’amour se retournaient en une apocalypse plus redoutable que la mort. Rien ne m’a été laissé sinon la perspective de ruiner le monde comme mes semblables l’ont fait pendant des décennies, de travailler sans l’espoir d’une vie apaisée puisque cette activité laborieuse arrivait de toute façon au bout de son souffle.

Nous n’avions cependant pas saisi à quel point le chaos gouvernait déjà notre vie et comment celui-ci coïncidait avec une raison ordonnée et hostile ; c’est la définition même de la guerre contemporaine. Nous courons de mobilisation totale en mobilisation totale et, état d’urgence après état d’urgence, le chaos nous ordonne. Il dirige le monde et du fait de son existence même, précipite les gens chez eux, les claquemurent derrière leur petite fenêtre, distille la peur et l’amour de l’ordre.

Au fond de cette guerre permanente – ou plutôt déclarée de manière permanente à mesure que chaque morceau de notre vie devient un front – les insurrections retournent cette logique. Ceux qui « de l’intérieur » refusent la guerre agissent exactement comme le virus et provoquent les mêmes réactions « immunautoritaires ». Ils ramènent l’ordre chaotique à un ordre sensible inacceptable pour le parti fasciste, le parti de la guerre. Les soulèvements, comme le virus, signifient l’impérieuse nécessité de réinventer des relations, tandis que les réponses immunautoritaires défendent la poursuite du néant dans lequel notre génération est née.

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Apocalypse signifie seulement révélation. Cela parait simple et pourtant, comme le souligne D.H Lawrence dans son commentaire de l’Apocalypse, cela fait deux milles ans que l’on s’écharpe afin de savoir ce qui est révélé « dans toute cette orgie de mystification. » Dans notre présent, la révélation est simple : la guerre, encore et toujours la guerre. Si nous ne l’avions pas compris, tout est limpide désormais, nos dirigeant ont toujours été en guerre. Tous possèdent un singulier goût pour l’apocalypse, il suffit de voir comment ils jubilent à chaque crise. L’exercice du pouvoir a toujours nécessité un attrait occulte pour l’apocalypse, car c’est de là que se tire également le goût pour l’ordre. Quant à ma génération, elle l’a par défaut, parce que rien n’est venu nous réchauffer et parce qu’au fond, comme le remarque Lawrence, l’apocalypse est l’autoglorification de la puissance destructrice des hommes. « Si tu dois subir le martyre et que tout l’univers est détruit par la même occasion, pourtant, pourtant, ô Chrétien, tu régneras tel un roi et tu poseras ton pied sur la nuque des anciens maîtres ! » raille Lawrence.

Nos « gouvernants » sont des êtres grégaires et aplatis par l’esprit collectif. Ils ne soucient que de l’opinion et de l’argent qu’elle apporte. Sous l’auréole du saint, ils sont également le diable. Ceux qui acceptent leur sainte guerre se condamnent à s’attacher à une autorité qui les dépouillera de toute puissance. Dans un étrange commentaire sur la situation actuelle, Giorgio Agamben notait que « l’état de peur qui s’est manifestement répandu ces dernières années dans les consciences des individus et qui se traduit par un réel besoin d’états de panique collective, auquel l’épidémie offre une fois de plus le prétexte idéal. » Une chose élémentaiest dite ici : la « société » est principalement composée d’individus apeurés qui marchent au pas de guerre de nos dirigeants. Les soulèvements sont une tentative claire de briser cette mise au pas et la réponse des gouvernements est nette : encore plus de guerre, encore plus de peur ; la même réponse qu’à notre actuelle crise sanitaire.

Il existe bien une force plus grande que l’autorité des « tu ne dois pas » de nos démocraties. L’apocalypse révèle également la possible sortie de l’état extrême dans laquelle on nous accule. Voilà longtemps que nous avons perdu toute relation sympathique avec le cosmos (ou l’environnement, comme on le dit désormais). Cette perte de sympathie envers ce qui nous enserre et nous donne l’eau, la chaleur ou les nerfs, a transformé notre cosmos en dragon destructeur. La lune, le soleil, les étoiles, les plantes mais aussi la vie intérieure des organismes viraux, représentent l’environnement perdu qui nous affole quand il revient, car nous avons construit un monde en les ignorants – en les réduisant à des forces mécaniques et contingentes de nos activités. Il est clair que le virus est autant mortel parce que notre monde s’est bâti en pensant les hommes comme seuls maitres. « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » est la loi du cosmos, et chacun de nous qui a tenu le monde pour garanti paye désormais le prix de cet éloignement.

La fin des temps est loin d’être la fin des guerres imposées. Au contraire, celles-ci éclatent au grand jour. Cet éclat donne de quoi remuer à beaucoup de personnes qui ont pris l’habitude de prendre chaque nouveau front ouvert par l’époque comme une possibilité de la retourner. Alain Badiou a raison de noter que l’épidémie n’est, au fond, qu’une épidémie, que ce qui s’invente de solidarité n’a rien d’inédit – qu’il n’y a aucune nouvelle mise en péril du capitalisme. Paradoxalement, il parle en témoin d’une autre époque, celle où masse et puissance devaient se conjuguer pour garantir l’action révolutionnaire et la transformation du monde. Il omet de préciser qu’en une époque où l’homme est agi par des forces et puissances avec lesquelles il a fusionné à jamais (radioactivité, CO2, nouveaux virus, flots, feux et insurrections etc.), l’action révolutionnaire passe avant tout par une recomposition subtile des équilibre biochimico-politiques qui nous forment et définissent nos attaches aux mondes.

Ainsi, il est vrai et juste de pointer un doigt vengeur sur nos dirigeants, sur la manière dont ils ont instauré cette guerre contre le cosmos, contre la vie. Nous devons également creuser au fond de nous et nous poser l’impérieuse question : suis-je avec ou contre le cosmos ? que vient dire le virus sur nos maux ? C’est l’occasion ou jamais de décider et de voir que les réactions immunautoritaires sont contre le cosmos. Elles nous confinent encore plus loin dans la solitude et le « tu ne dois pas ». On nous prend au chantage de la guerre selon lequel il n’existe que deux camps, celui de la mort et du virus, celui de la vie et du gouvernement des hommes. Lutter contre la propagation du virus est crucial, la question est de le faire selon les arts de la guerre ou selon d’autres relations qui ne sont pas nécessairement à inventer mais plutôt à retrouver. Afin d’échapper à notre (auto)destruction et comme le dit Lawrence : « Il nous faut désormais retrouver le cosmos, et cela ne se fera pas grâce à un tour de passe-passe. Il nous faut faire revivre tous les réflexes qui sont morts en nous. Les tuer nous a pris deux milles ans. Qui sait le temps qu’il faudra pour les ranimer ? Quand j’entends les contemporains se plaindre d’être seuls, je sais ce qui est arrivé. Ils ont perdu le cosmos. Nous ne manquons ni d’humanité ni de personnalité ; ce dont nous manquons, c’est de vie cosmique, du soleil en nous et de la lune en nous. »

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« Par rapport à l’histoire de la vie organique sur la Terre, écrit un biologiste contemporain, les misérables cinquante mille années de l’homo sapiens représentent quelque chose comme deux secondes à la fin d’un jour de vingt-quatre heures. À cette échelle, toute l’histoire de l’humanité civilisée remplirait un cinquième de la dernière seconde de la dernière heure. » Le « temps actuel » qui, comme modèle du messianique, résume dans un immense abrégé l’histoire de toute l’humanité coïncide rigoureusement avec la figure que constitue dans l’univers l’histoire de l’humanité. »
Walter Benjamin

Dans les Thèses sur l’histoire de Benjamin se loge donc un trou nommé cosmos. Une fois le récit du progrès mis à mal, ses débris persistent malgré tout sur nos rétines. Si nous avons établis notre histoire des vaincus et creusé les tombes de nos ancêtres jadis perdus, le temps des vaincus n’est jamais celui de la vie organique – qui selon toute apparence semble suivre un cours indépendant des guerres et des révolutions. Qui se souvient de l’Influenza ou de la Grippe Espagnole comme un épisode d’une quelconque tradition ? Les guerres n’ont eu de cesse de ramener des épidémies, qui souvent ont fait plus de morts que n’importe quel combat. Lorsque les européens arrivèrent sur le « Nouveau Monde », les pathogènes qu’ils amenèrent tuèrent bien plus que leur cruauté – terribles alliés que parfois les colons utilisèrent consciemment. En retour, une des maladies les plus connues de l’humanité, la Syphilis, débarque sur les rives européennes avec le retour de Colomb et fait des millions de victimes – son traitement au mercure n’y sera pas pour rien. Les prions, virus, bactéries et autres agents accompagnent notre histoire sans que jamais être inclus ; centré sur sa Res Gestae, l’homme se voit empereur de la terre et maître de son histoire. La grande politique se fait d’elle-même, le vainqueur autant que l’oublié, possède un visage humain – quand bien même il s’agit de celui de l’Angelus Novus.

Ce que D.H Lawrence nous dit dans l’entre-deux-guerre, la science l’énonce désormais. Seulement, notre heure est passé et les secondes égrenées entre les deux avertissements s’avèrent avoir été vaines. Le temps des pandémies mondialisées approche irréversiblement, notamment parce que nous avons bouleversé les écosystèmes naturels, et sorti beaucoup des relations symbiotiques hors de leur environnement. Ainsi, la Chauve-Souris comme le Pangolin ou autres animaux sauvages (plus de 70% des zoonoses viennent des animaux sauvages), ont pour habitat naturel la forêt et lorsqu’elles viennent à être défrichées, ces animaux oubliés, méprisés et chassés se nichent et se mêlent à nos habitats et produisent des débordements.

Débordement (Spillover), est le nom scientifique donné au fait qu’un virus déborde d’une espèce à une autre pour la première fois. De tels évènements n’arrivent que parce que notre activités le permet. Les zoonoses sont les produits de pathogènes qui débordent d’un animal non-humain aux animaux que nous sommes (le SRAS, le Sida, Ebola ou la grippe Espagnole en sont quelques-unes). Les mortelles pestes du Moyen-Âge également, mais il semble que le XX ème siècle en ait connu plus que jamais. Quant à notre effrayant XXI ème siècle, il s’ouvre sur un enchainement de débordement dans tous les sens du terme. Le débordement coïncide avec rigueur à l’image du « temps actuel ». Il reflète la désintégration de nos écosystèmes et modes de vies, qui se fragmentent, se dissolvent et se perdent en valeurs ajoutées. Délogés de leur habitacle, les pathogènes se trouvent mêlées à nos marchés et nos maisons, et sans autre choix que de périr ou de bondir sur les seuls corps qui ne sont pas encore en voie d’extinction.

Il nous faut réveiller en nous un sentiment d’harmonie. Nous n’avons guère le choix, car les flots, les feux, les virus et les humains débordent tous ensemble. C’est d’ailleurs cette unique période de débordement qui amène cette unique réponse homogène du pouvoir. Pourquoi le monde est-il en quarantaine ? Pourquoi, partout sur le globe, tout ce qui sert à garder la tradition des vaincus à la bonne place sert également à défaire le Covid-19 ? Des insurrections aux zoonoses, les réactions immunautoritaires ne tissent pas un continuum répressif par hasard. Ce virus arrive à un moment précis de l’histoire des hommes, une période où chacun de nous est sommé de choisir entre la poursuite d’une vie nous menant logiquement à l’extinction, où une remise en cause radicale, celle précisément que D.H Lawrence appelait déjà de tout son cœur.

Quelque part, ce long procès a déjà commencé. Nous parlons régulièrement de l’« Anthropocène », qui pose l’activité de l’humanité à un niveau géologique équivalent à celles, éternelles, des volcans, des fleuves ou des plaques tectoniques. Le concept de ce nouvel âge a été mésusé, au point qu’on l’a renversé en « âge de l’homme », duquel tout ce qui est du monde est d’une certaine façon humain. Au contraire, l’Anthropocène célèbre la disparition de l’homme, comme celle de la nature, mais ce faisant, il renoue avec l’éternelle correspondance vitale entre notre vie et l’environnement, ou « l’englobant », comme le disaient les grecs anciens. L’englobant est loin d’être inerte et ses activités ne se distinguent pas de celles des hommes, il n’y a aucune finalité, aucun telos : c’est, tout simplement, le nouvel état du monde et de toutes les puissances d’agir qui le composent. Notre problème actuel est de ne jamais subsumer notre relation au cosmos en un ordre hiérarchique, dans lequel notre vitalité se subordonne à une dimension supérieure et organisatrice. Un autre débordement, du côté cette fois-ci de notre manière de nous situer, nous humains, avec les autres puissances du monde.

Vitalité et cosmos vont ensemble ; si l’un manque par écrasement de l’autre, disons par exemple que nous nous mettons à dévorer le monde au mépris de tout (mais aussi, qu’au nom d’un Grand Tout, nous écrasons toute pulsion de vie), la vitalité qui nous échappe revient en forme de désastre. Après tout, désastre signifie « perdre l’influence des astres », c’est de là que naît l’apocalypse et l’histoire des hommes à l’assaut du monde considéré comme un réservoir inerte.